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Le problème Afghan : ce que proposent les pays d’Asie Centrale

Дата: 09 сентября 2020 в 12:58 Категория: Новости авто


Le problème Afghan : ce que proposent les pays d’Asie Centrale
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L'Afghanistan est depuis plusieurs années l’épine dorsale de la politique internationale. Il n'existe aucun autre pays autour duquel est construit un système aussi développé de dialogues mondiaux, régionaux, à deux, trois et quatre parties. Des dizaines de personnes brillantes dans le monde entier travaillent sur les moyens de résoudre la «question afghane», et des thèses sont défendues. Des monographies entières sur des sujets traitant de l’Afghanistan remplissent les bibliothèques. Durant la période pré-Covid, des réunions internationales régulières se tenaient sur l'Afghanistan, et contribuaient ainsi au développement de l'industrie de l'hôtellerie, de la restauration, du transport aérien et de tout ce qui avait trait à l'événementiel. Pour certaines organisations internationales spécialisées dans la sécurité, le «problème afghan» était la principale source de leurs activités. En même temps, et c’est crucial, l'Afghanistan et ses problèmes unifiaient en quelque sorte la communauté internationale. Aux Nations Unies, les résolutions sur l'Afghanistan sont adoptées à l'unanimité, fait rare de nos jours. Des pays dont les points de vue sur le monde sont généralement diamétralement opposés arrivent ainsi à se mettre d’accord sur la question afghane.

Aujourd'hui, l'Afghanistan est revenu au centre de l'attention de la communauté internationale. Le 12 septembre, des pourparlers intérieurs ont débuté à Doha, capitale du Qatar, une première dans l’histoire où talibans et gouvernement soutenu par Washington se sont réunis autour d’une table.

La «question afghane» et le nouveau modèle de paix et de sécurité que les négociateurs tentent de définir comportent tous deux trois niveaux : intérieur, régional et mondial.

La dimension internationale du processus de paix est essentielle pour comprendre pourquoi les négociations entre le gouvernement et les talibans ont commencé. La communauté internationale agit de concert pour mettre fin à la guerre en Afghanistan et dispose des moyens de pression nécessaires pour contraindre les parties belligérantes à s'asseoir à la table des négociations.

Les trois quarts du budget afghan proviennent de l’aide extérieure. En novembre de cette année, Genève accueillera la troisième conférence sur l'Afghanistan, qui rassemblera les pays donateurs et le gouvernement afghan. Les premiers s'engagent à allouer une certaine somme d'argent pour soutenir l'Afghanistan au cours des quatre prochaines années, et le gouvernement afghan s'engage en retour à mener certaines réformes dans le pays. L'expérience des deux réunions précédentes a montré que si les pays versent effectivement l’aide promise (même si elle est parfois en-deçà des attentes de Kaboul), la situation en matière de réformes, elle, n’est pas celle escomptée. Depuis la conférence de Bruxelles de 2016, les pays donateurs ont alloué 15,2 milliards de dollars pour le développement de l'Afghanistan. Le gouvernement afghan a reconnu n’avoir respecté que 18 de ses 63 engagements à date. Cependant, en novembre à Genève, il espère pouvoir compter sur une aide de plus de 8 milliards de dollars par an.

Le soutien politique au processus de négociation est assuré au plus haut niveau. Le 16 septembre, le Conseil de Sécurité des Nations unies a adopté une résolution visant à prolonger d'un an la Mission d'Assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA). Les membres du Conseil de Sécurité ont salué le lancement des pourparlers intérieurs et ont appelé les parties à poursuivre les initiatives favorisant la confiance.

La situation a été décrite très précisément par le représentant délégué du Président du Kazakhstan pour l'Afghanistan, Talgat Kaliev, qui a participé aux négociations en vidéoconférence. « Nous espérons que le processus de paix, basé sur le principe «entre Afghans» et «pour les Afghans» et soutenu par la communauté internationale, aboutira à un accord entre le gouvernement afghan et les Talibans, qui répondra aux intérêts de l'ensemble du peuple afghan », a-t-il déclaré.

Il convient de noter que des représentants de tous les États concernés participent aux négociations intérieures — certains en présentiel, d’autres en distanciel. Mais le principal architecte du processus de négociation demeure, bien entendu, Washington.

L'accord de négociations fait partie d'un accord signé par les Américains et les Talibans en février au Qatar. Cet accord prévoyait également le retrait des troupes américaines du pays (en juillet, elles avaient déjà quitté cinq bases, en novembre, leur nombre devrait être réduit à 4-5 000 soldats), ainsi que la libération de cinq mille prisonniers des talibans. Une autre condition était de rendre le processus de négociation inclusif — il comprenait non seulement des membres du gouvernement, mais aussi des représentants de l'opposition et des personnalités publiques.

Pour Donald Trump, le retrait des troupes d'Afghanistan et d'Irak était un argument important dans la campagne électorale. Le président américain aurait gagné à se donner l’image d’un pacificateur, mais les facteurs économiques ne doivent cependant pas être occultés.

Pour Trump, la guerre en Afghanistan n'est pas rentable pour les Américains. Les coûts sont trop élevés. Selon le Ministère Américain de la Défense, les dépenses militaires totales en Afghanistan d'octobre 2001 à septembre 2019 se sont élevées à 778 milliards de dollars. De 2010 à 2012, lorsque Barack Obama a augmenté le contingent à plus de cent mille personnes, le coût de la guerre était de 100 milliards de dollars par an. Sous Trump, l'armée américaine est passée d'opérations offensives coûteuses et inutiles à la formation des forces afghanes. Les coûts sont tombés à environ 40 milliards de dollars par an. Et selon Trump, ils peuvent et doivent également être réduits.

En outre, le Département d'État américain, en collaboration avec l'Agence des États-Unis pour le Développement International (USAID) et d'autres agences gouvernementales, a consacré 44 milliards de dollars à des projets de reconstruction.

Des experts non gouvernementaux de l'Université Brown estiment que le coût de la guerre en Afghanistan avoisinera les 2 000 milliards de dollars, si on compte les sommes dépensées sur les bases américaines au Pakistan, pour les soins aux victimes de guerre et pour diverses activités afférentes. Enfin, la présence américaine en Afghanistan aura coûté la vie à plus de 2 300 soldats et fait environ 20 660 blessés parmi eux depuis 2001.

Les Américains veulent en finir avec la guerre. Les Afghans n’en sont pas moins épuisés. Depuis sa nomination en tant que Président en 2014, Ashraf Ghani a déclaré que plus de 45 000 membres des forces de sécurité afghanes avaient été tués. Selon les estimations de l'ONU, rien que depuis 2009, date à laquelle les pertes civiles dans le pays ont pourtant commencé à se réduire, environ 100 000 civils afghans seraient morts.

L'économie du pays a été détruite. Selon Ashraf Ghani, 90 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté de 2 dollars par jour. Par conséquent, le principal objectif de la délégation gouvernementale est de parvenir à la paix. Comme l'a déclaré le Président du Haut Conseil pour la Réconciliation Nationale, Abdullah Abdullah, lors de l'ouverture des pourparlers, « aujourd'hui restera dans les mémoires comme le jour de la fin de la guerre ».

Dans les faits, beaucoup sont sceptiques quant à l'idée même de négociations à Kaboul avec les Talibans, principalement parce qu'ils ne leur font pas confiance. Les raisons de cette méfiance sont nombreuses. On craint en effet que les Talibans, après avoir obtenu la libération de leurs prisonniers et le retrait d'une partie des troupes américaines, n'aient pas renoncé à la violence. Tant à la veille de la réunion de Doha que pendant les négociations en Afghanistan, les affrontements avec les militants se sont poursuivis, y compris près de la frontière tadjike.

De manière générale, l'Afghanistan est divisé non pas en Talibans et anti-Talibans, mais en Pachtounes (le plus grand groupe ethnique) et non-Pachtounes (Tadjiks, Ouzbeks, Hazaras, etc.). Chacun a ses propres intérêts. Les Pachtounes, quant à eux, sont divisés en tribus, avec des chefs régionaux qui ont eux aussi leurs propres intérêts. Aussi, il n'y a quasiment pas d'intérêts nationaux en Afghanistan, pas d’intérêts communs, pas de position commune sur le processus de paix. Par conséquent, à supposer que les négociations de Doha aboutissent, elles ne seront pas forcément suivies dans les faits par l’ensemble des parties prenantes.

Ainsi, la dimension interne de la «question afghane» s’oppose directement à sa dimension globale et comprend un ensemble de facteurs culturels, historiques, politiques, religieux et autres qui expliquent cette absence d'unité.

Dans ce contexte, la dimension régionale de la question peut devenir décisive pour le processus de paix. Les «grandes puissances», mais aussi les pays limitrophes d'Asie Centrale, principalement l'Ouzbékistan, manifestent un intérêt accru pour la manière dont la reconstruction de l'Afghanistan se fera et les conditions dans lesquelles elle aura lieu.

Ainsi, le 9 septembre, lors de la première réunion de la sous-commission politique dans le cadre du dialogue Ouzbékistan-USA-Afghanistan, Tachkent s'est déclarée prête à organiser à Samarkand l'une des prochaines étapes des négociations afghanes. Fin août, le Ministre Afghan des Affaires Etrangères, Hanif Atmar, s'est rendu à Tachkent. Au cours de cette visite, un accord portant sur un contrat d'électricité de l’Ouzbékistan vers l’Afghanistan a été signé, et valable pour une période de 10 ans. Aujourd'hui, selon les estimations de Tachkent, il représenterait 56,5% des importations afghanes d'électricité. Par ailleurs, avec le soutien de la Banque Asiatique de Développement (ADB), la construction de la ligne haute tension Surkhan-Puli-Khumri est en cours, ce qui permettra d'augmenter l’approvisionnement en électricité de 2,6 à 6 milliards de kWh par an. Cette ligne électrique reliera Kaboul au système unifié de production d’énergie d'Asie Centrale.

Le Tadjikistan et le Turkménistan entretiennent également des liens étroits avec l'Afghanistan, qui recense de nombreux Tadjiks et Turkmènes sur son territoire. Ils sont également un fournisseur d'électricité pour l'Afghanistan. En outre, Achgabat promeut le mégaprojet de gazoduc TAPI (Turkménistan-Afghanistan-Pakistan-Inde), Douchanbé participe à la création de la ligne haute tension CASA-1000, qui reliera le Kirghizstan et le Tadjikistan à l'Afghanistan et au Pakistan.

Quant au Kazakhstan, notre position a été clairement exposée il y a un an par Kassym-Jomart Tokaïev lors d’une Assemblée Générale des Nations Unies : « Nous espérons que le processus de paix, mené par les Afghans eux-mêmes, avec le soutien de tous les acteurs clés, conduira à une paix et une prospérité durables dans ce pays. Le Kazakhstan continuera à soutenir le peuple afghan dans la restauration de son État ».

Pendant la présidence du Conseil de Sécurité de l'ONU en 2018, nous avons organisé une rencontre à Kaboul entre des membres du Conseil de Sécurité à Kaboul, les dirigeants afghans, des politiciens et certaines institutions publiques. À l’issue de ces réunions, le Conseil de Sécurité a tenu un forum sur le thème : « Construire un partenariat régional en Afghanistan et en Asie Centrale comme modèle d’interdépendance entre la sécurité et le développement ».

Au niveau bilatéral, l'aide humanitaire n’a cessé d’être assurée. La dernière livraison — 46 wagons de denrées alimentaires (farine, huile de tournesol, lait concentré) — a eu lieu juste la veille des négociations à Doha. Ceci dit, le Kazakhstan n'a lui pas d'intérêts politiques particuliers en Afghanistan. Nous ne sommes en effet affiliés à aucun groupe ethnique, tribu, clan ou parti politique.

On ignore pour le moment combien de temps dureront les négociations de Doha. Ce que l’on sait, c’est qu’il ne sera pas forcément évident de rapprocher les positions des parties – en raison de la forte méfiance réciproque et de la divergence de visions de la future structure du pays.

Mais on peut être sûr que Kaboul et les Talibans accepteront de se réunir à nouveau et de former des groupes de travail consultatifs — en un mot, de former la base du processus de négociation, mais celui-ci eut durer encore des années.

Cela signifie que le Kazakhstan devrait élaborer une stratégie à long terme s’agissant de l'Afghanistan, basée sur nos intérêts dans la région. Par ailleurs, toutes les parties prenantes et plateformes devraient être sollicitées — tant les réunions des dirigeants des pays d'Asie Centrale que les réunions sous la forme «Asie Centrale + 1».

Il est important d'élargir le champ de la coopération, d'aller au-delà de l'exportation de blé et de la fourniture d'aide humanitaire. Le Kazakhstan est un leader régional dans le domaine des technologies spatiales, y compris la surveillance de l'espace et les communications par satellite.

Nous disposons d’une expérience réussie de l'utilisation de ces technologies au Kazakhstan, ainsi elle pourrait être étendue à l'Asie Centrale et à l'Afghanistan. Les satellites de télédétection terrestre peuvent être utilisés pour contrôler la mise en œuvre de projets d'infrastructure (pipelines, lignes électriques, etc.), ainsi que pour lutter contre la production d'opium. Les satellites peuvent également fournir des services de télévision par Internet. Le Kazakhstan pourrait également former des ingénieurs et experts afghans dans le domaine des géoservices.

Le Kazakhstan est également un leader régional dans le numérique. Nous pourrions lancer une initiative numérique pour l'Asie Centrale, une feuille de route pour la coopération, qui comprendrait un projet de réseau de villes intelligentes en Asie Centrale (intégrant l'Afghanistan), un peu sur le même modèle que celui de l’ANASE (Association des Nations de l'Asie du Sud-Est).

L'économisation de la politique étrangère du Kazakhstan ne doit pas se limiter à attirer les investissements et à encourager les exportations. La politique étrangère doit être globale par essence. Ainsi, les projets visant au développement technologique de la région dans son ensemble, et de l'Afghanistan en particulier, devraient devenir une priorité pour la communauté internationale en matière d’allocation des fonds et de financement. La Banque Asiatique de Développement et d'autres institutions financières internationales devraient également y être associées.

 

 

Nikolay Kuzmin, Politologue

По сообщению сайта Редакция портала

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