Quelque temps s'est écoulé depuis la création, par le Ministère des Affaires Étrangères du Kazakhstan, de la KazAID (Agence de Développement International du Kazakhstan). De nombreuses discussions ont eu lieu à ce sujet sur les réseaux sociaux et dans les médias, de sorte que l'on peut véritablement débattre de sa nature et de son futur mode de fonctionnement.
Comment l'idée de l'aide au développement est apparue au Kazakhstan
Officiellement, la volonté de disposer de notre propre agence remonte à 2013, mais ses racines sont en fait plus anciennes. En fait, le Kazakhstan a rejoint il y a 10 ans le groupe des pays à revenu intermédiaire, selon les critères de la Banque Mondiale, et a perdu, de ce fait, la majeure partie de l'aide internationale dont il bénéficiait auparavant.
Au même moment, à Busan en 2011, l'idée de constituer un groupe de «nouveaux donateurs» a été présentée, et il a été dit que « parmi les économies dynamiques en transition pour fournir une aide au développement, et l'importance de la diversité et de la flexibilité de ses formes a été reconnue ».
C'est pour cette raison que la République du Kazakhstan a fait ses premiers pas dans le domaine de l'aide publique au développement. Selon les statistiques des Nations Unies pour la période allant de 2006 à juillet 2011, le Kazakhstan aurait alloué 53,7 millions de dollars d'aide humanitaire à des pays étrangers, dont la majeure partie des bénéficiaires se trouvent en Asie Centrale.
Avec un montant de 30 millions de dollars, le Kazakhstan se classe au troisième rang des pays fournissant de l’aide humanitaire dans la région. En fait, cette aide était déjà assurée, mais elle suivait différents canaux, programmes, et il était donc difficile de se rendre compte de sa réalité et de son importance. Et ce n’était pas forcément une bonne chose — une certaine centralisation était nécessaire afin d'en tirer le meilleur parti.
Selon ce concept, la politique de la République du Kazakhstan dans le domaine de l'aide publique au développement poursuivra les objectifs suivants :
Aider à résoudre les problématiques mondiales et régionales en matière de développement durable, mais aussi la pauvreté, la criminalité internationale, le trafic de drogue et l'immigration clandestine ; Aider à la construction d'une économie à vocation sociale ; Développer des liens politiques, économiques, éducatifs, sociaux, culturels et scientifiques avec les pays étrangers ; Former un périmètre de bon voisinage le long de la frontière kazakhe ; Développer la coopération économique et commerciale avec les pays partenaires, accélérer les processus d'intégration des marchés de capitaux, de biens, de services et de main-d'œuvre ; Renforcer l'autorité et promouvoir une perception positive du pays par la communauté internationale.
C'est ainsi que l'idée d'une «Agence kazakhe pour l'aide au développement et l'assistance technique — KAZAID» est apparue dans le concept, qui devait voir le jour après 2018. En principe, tout y est fourni selon les standards habituels, en tenant compte de l'expérience internationale en matière de création de telles agences.
Selon les documents, l'aide publique au développement de la République du Kazakhstan est censée se focaliser sur les problématiques et secteurs suivants :
L’agriculture et la sécurité alimentaire ; La protection de l'environnement ; La résolution des conflits et la sécurité ; La lutte contre la criminalité internationale ; L’éducation ; Les soins de santé, y compris la nutrition, la disponibilité des médicaments, la lutte contre les maladies infectieuses ; L’amélioration du système d’administration publique ; La lutte contre la pauvreté, notamment en stimulant la croissance économique et en soutenant la création d’entreprises dans les pays bénéficiaires ; Le développement du commerce.
Par la suite, une loi régissant les relations juridiques relatives à la fourniture d'aide publique au développement a été adoptée en 2014 pour les pays coopérant avec le Kazakhstan. Cela a fourni un cadre législatif à l’ensemble des points.
Voici comment les formes d'aide au développement y sont formulées et les modalités de leur mise en œuvre :
• Subventions internationales ;
• Construction/Reconstruction de nouvelles installations/d'installations existantes dans les secteurs prioritaires prévus par la présente loi ;
• Prêts à des conditions favorables ;
• Contributions volontaires aux organisations internationales en matière d’aide publique au développement ;
• Création de fonds communs avec le pays partenaire ;
• Assistance technique ;
• Autres formes adoptées par la République du Kazakhstan dans le cadre des traités internationaux et d'autres obligations dans le domaine de l'aide publique au développement.
Elle a également spécifié le rôle des diverses entités gouvernementales dans ce domaine — le Gouvernement, le Ministère des Affaires Etrangères, la KazAID et d'autres Ministères.
Puis en 2017, l'idée d'aide au développement a été affinée dans un autre document de consolidation des grandes orientations en la matière pour la période 2017-2020.
Il est intéressant de noter les réalisations du Kazakhstan, partagées avec d’autres pays :
Création d’un climat stable pour les affaires Agriculture Développement social Protection de l’environnement Finances publiquesLes pays d'Asie Centrale (Kirghizistan, Tadjikistan, Turkménistan, Ouzbékistan) et l'Afghanistan sont identifiés comme des priorités régionales. Cela veut dire que l’aide s’articule principalement autour d’une ceinture de pays fidèles et proches de nos frontières.
Le décret détaille également les normes de gestion, le type d'interaction avec les autres pays participants à l'aide, ainsi que les mécanismes qui seront utilisés.
Le 10 août de cette année, un décret gouvernemental a été publié, dans lequel il est mentionné :
• Créer une société par actions à but non lucratif «Agence de Développement International du Kazakhstan – KazAID » avec une participation gouvernementale à hauteur de 100 % dans son capital autorisé.
• Désigner la société comme autorité dans le domaine de l'aide publique au développement, dont la principale activité consiste à la fourniture de l'aide publique au développement, prévue par la législation de la République du Kazakhstan.
Cela signifie que beaucoup de chemin a été parcouru en 7 ans, en passant de l'intention et du concept à la création d'une entité dédiée. Je tiens à ajouter que, d’après les explications fournies, le Kazakhstan aurait alloué plus de 158,6 millions de dollars d’aide aux pays étrangers pour la période allant de 2013 à 2016, dont 84,8 millions de dollars d’aide publique au développement. Avec des montants d’aide sans cesse en hausse, l’existence d’un organisme centralisé dédié était plus qu’une nécessité.
Qu’est-ce que l’Agence de Développement International du Kazakhstan ?
Parmi les principales activités de la nouvelle organisation, on trouve :
La participation à la mise en œuvre de la politique d'État de la République du Kazakhstan dans le domaine de l'aide publique au développement ; Les relations, dans le cadre de l'aide publique au développement, entre les organes et institutions d'État de la République du Kazakhstan et les pays étrangers ; La présentation de propositions visant à améliorer la législation de la République du Kazakhstan dans le domaine de l'aide publique au développement auprès de l’organisme compétent ; La présentation de propositions sur les montants et sur les priorités sectorielles de l'aide publique au développement auprès de l’organisme compétent ; La conclusion d'accords avec des personnes physiques et morales, sur le territoire du Kazakhstan comme à l'étranger, dans le domaine de l'aide publique au développement et autres.
L'aide au développement de KazAID est fournie sous forme de dons, prêts et autres transferts en espèces ou en nature, aux pays partenaires désignés comme bénéficiaires de l'aide, sur la liste du Comité d'Aide au Développement de l'Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE).
Le capital autorisé de KazAID est fixé à 138 millions de tenges (soit environ 330 000 dollars américains), son personnel initial sera de 15 personnes avant d’être porté à 25 par la suite.
Plus important encore, dans un premier temps, la KazAID fonctionnera comme une société de services — c'est-à-dire qu’elle pourra mener des activités dans une région déterminée pour le compte d’un tiers, comme par exemple le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) ou l'Agence Turque de Coopération et de Développement (TIKA), moyennant une commission de 7% du coût total du projet.
Comme nous l’enseigne l’historique de ce type d’assistance, les entreprises, les spécialistes et les équipements kazakhs seront impliqués dans la mise en œuvre de ces projets de manière prioritaire, de telle sorte à maximiser les fonds alloués pour le Kazakhstan. Dans un premier temps, elles travailleront avec la diaspora kazakhe des pays voisins avant d’étendre leurs activités.
La pertinence de la création de la KazAID dans le monde
Pour quelles raisons la diplomatie du Kazakhstan devrait-elle être plus active et disposer de plus d'outils ? Pour cette question, je dispose d’un joli graphique provenant de la base de données sur les conflits de l'Université d'Uppsala. Comme vous pouvez le voir, le nombre d’actes de violence dans le monde a augmenté significativement, et cela peut se voir simplement à travers le conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, le plus grand de ce siècle.
On pourrait également, pour illustrer cela, parler de la croissance considérable des dépenses militaires dans le monde, même si cela peut être compréhensible. Le monde d’aujourd’hui est bien plus dangereux que celui d'il y a dix ans, sans parler de celui du début du siècle. Et rien ne laisse à croire que les choses s’arrangeront.
Il est fort probable que notre région devienne bientôt un sujet de rivalité entre les États-Unis et la Chine, et qu'elle subisse des dégâts importants à la suite des mesures de quarantaine liées au coronavirus. Dans cette situation, il sera nécessaire d'assister les pays voisins afin qu’ils préservent leur stabilité ; « mieux vaut prévenir que guérir » comme le dit le dicton.
Dans un premier temps, des projets dans les domaines de l'éducation et du social ont été annoncés. Mais selon moi, c’est surtout de projets scientifiques dont nous avons besoin — pour connaître la situation réelle des uns et des autres ; il faudrait également des contacts dans la société civile pour travailler avec les ONG locales, et enfin, des programmes de développement des affaires pour améliorer la compréhension mutuelle.
Conclusion
La création de la KazAID, bien qu’encore modeste, est un premier pas concret vers l'objectif que le Kazakhstan a souvent revendiqué — le leadership dans la région.
Le leadership implique, avant tout, le sens de la responsabilité concernant ce qui se passe dans les pays voisins, ainsi que leur assistance. Si cela est fait de la bonne manière, sur une base régulière et durable, alors la fameuse «puissance douce» se mettra en marche, et c’est cela dont nous avons besoin.
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